Les athlètes de l'IUT - Dejan Ottou, champion de sprint

À l'approche des Jeux Olympiques de Paris, nous souhaitions mettre en avant nos diplômé.e.s et étudiant.e.s qui ont su allier études et carrière sportive de haut niveau. Aujourd'hui, partons à la rencontre de Dejan Ottou, un jeune athlète de 19 ans qui suit en parallèle de sa carrière de sportif international des études en B.U.T. SGM. À vos marques, prêts, partez !

L'Entretien

Bonjour Dejan, merci de prendre un moment pour nous parler de votre parcours. Vous êtes actuellement étudiant à l’IUT de Nantes en première année de B.U.T. SGM, pouvez-vous nous raconter ce qui vous a motivé à rejoindre cette formation ?

Dejan : J’ai choisi le B.U.T. Sciences et Génie des Matériaux parce que j'ai toujours été passionné par la mécanique et les machines, donc quand j'ai visité l'IUT pendant une journée portes ouvertes, ça a été un peu une évidence. Les TP, les projets, les installations... tout avait l’air tellement intéressant !

En plus, pour moi, le B.U.T. SGM me semblait être un chemin direct pour devenir ingénieur. J’aime vraiment ma formation, la halle technologique est gigantesque et j’étais trop content d’y avoir accès dès la première année !

En plus d’être étudiant, vous êtes également un sportif de haut niveau, est-ce facile de s’intégrer quand on a un rythme de présence en cours souvent décalé ?

Dejan Ottou : C’est vrai que je suis rarement en cours. Par exemple, tout septembre j’étais à 100% présent en classe mais à partir d’octobre j’ai dédoublé mon année et donc je suis venu beaucoup moins souvent. Il s’avère que nous sommes une dizaine de sportifs de haut niveau dans ma promo et nous sommes tous dans le même groupe, alors nous avons pas mal de choses en commun, ça a été facile de se rapprocher !

Vous êtes un champion de sprint de niveau international en 100 et 200m, qu'est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans l'athlétisme, comment en êtes-vous arrivé à courir à ce haut niveau ?

Dejan Ottou : Au début, comme beaucoup, je jouais au foot. Mon père était footballeur professionnel, donc c'était un peu naturel. Mais j'étais tellement compétitif que j'avais du mal à admettre que même en donnant mon maximum, j’étais dépendant d’une équipe et que de ce fait, je pouvais quand même perdre. Donc je me suis tourné vers l’athlétisme vers mes 11 ans, j’étais en 6e.

L'athlétisme, c'est différent : c'est vous contre vous-même, et ça m'a tout de suite parlé, c’est un sport élitiste, compétitif et individuel, j’ai vite senti que j’avais du potentiel et j’ai tout de suite apprécié d’évoluer rapidement. Vers 14 ans, j'ai commencé à vraiment m'y mettre sérieusement et à me projeter dans l’athlétisme à haut niveau. Arrivé en 4e, au collège, j’ai participé à mes premières compétitions nationales. C’était galvanisant, je me disais que j’étais dans les meilleurs français de mon âge dans cette discipline ! Ma première compétition internationale, c'était il y a deux ans, à 17 ans. Représenter la France, c'était incroyable et monter sur des podiums qui me distinguaient face à des athlètes du monde entier c’était fou.

Qu’est-ce qui vous fait vibrer dans l’athlétisme ?

Dejan Ottou : Le Dejan d’il y a deux ans vous aurait dit que c’est ce fameux moment sur la ligne de départ où le silence se fait et qu’on entend juste le starter dire « à vos marques… » juste avant le coup de pistolet ! Mais aujourd’hui ce qui me fait vibrer c’est quand j’ai fini ma course, que je sais que j’ai bien couru et que j’attends que le chrono s’affiche et c’est à ce moment précis que je vois si ma préparation a été optimale ou pas. Quand tu vois que tu as fait ton record, tu es content ! Tu te dis « Là, j’ai géré », ça donne un sentiment d'accomplissement et c'est bon de voir que ses efforts sont payants. En revanche, ce qui est dur c’est de se dire qu’on n’a pas réussi à donner le maximum de son potentiel et faire aussi bien que pendant l’entraînement.

Ce qui me fait vibrer aussi c’est l'adrénaline ! Cette montée de tension avant une course, puis l'explosion d'énergie pendant le sprint, c'est juste incroyable. C'est ce qui me pousse à me dépasser à chaque fois.

Je suis un sprinter sur la piste mais dans ma vie perso il m’arrive souvent d’être en retard je prends pas mal mon temps, je suis un calme ! 


Qu’est-ce que ça fait d’être un champion et de participer à des compétitions internationales ?
Dejan Ottou : Participer à une compétition internationale, c'est une expérience unique. On ressent une énorme fierté de représenter son pays, mais aussi beaucoup de pression. Il y a toute une préparation mentale pour rester concentré et ne pas se laisser submerger par le stress. Quand je suis sur la ligne de départ, je me concentre sur mes objectifs personnels et j'essaie de donner le meilleur de moi-même. Et puis, il y a l'adrénaline de la course elle-même, qui est incomparable.

Quand on monte sur le podium qu’on entend l’hymne national français, ça fait quelque chose on se rend compte de l’ampleur de ce qu’on a accompli ! 

Comment parvenez-vous à concilier vos études en Sciences et Génie des Matériaux, votre carrière sportive et votre vie personnelle ?

Dejan Ottou : C'est un vrai challenge, mais c'est faisable avec beaucoup d'organisation. Mon emploi du temps est super serré. Chaque minute compte, donc je dois vraiment optimiser mon temps. La rigueur est essentielle, que ce soit dans mes études ou mes entraînements. J'ai appris à planifier mes journées de manière très précise, en réservant des plages horaires dédiées à mes cours, à mes révisions et à mes entraînements. Parfois, cela signifie se lever très tôt ou travailler tard le soir, mais c'est un équilibre que j'ai réussi à trouver avec le temps.

Après, la vie personnelle, elle passe un peu beaucoup à la trappe mais en même temps je passe tellement de temps avec les autres athlètes à m’entraîner que c’est un peu devenu ma famille donc c’est comme-ci j’étais tout le temps avec mes potes ! Et dans mon club nous sommes très entourés nous avons un préparateur mental, des kinés, des psychologues qui nous accompagnent.

À Nantes Université, et plus particulièrement à l’IUT, comment vous-a-t-on aidé à concilier tous vos emplois du temps ?

Dejan Ottou : J’ai dû démontrer mon niveau en atteignant un chrono pour pouvoir obtenir le statut d’athlète de haut niveau à l’international et être inscrit sur la liste ministérielle. Ce statut donne des facilités en fonction de ses performances athlétiques.

Ensuite, à l’IUT on m’a proposé un planning dédoublé, où je pouvais visualiser les cours que je ferais sur l’année une et ceux que je pourrais faire en année deux et j’ai une dispense d’assiduité. Au final je vais faire mon B.U.T. en 6 ans, je terminerai à 24 ans si tout va bien ! Les profs se montrent très intéressés par ma vie d’athlète, ils me demandent souvent quels sont mes objectifs du moment, mes prochaines compétitions, c’est sympa. Ma semaine type j’enchaîne des heures de musculation et d’entraînements, même le samedi et quand je n’ai pas athlé et bien je vais en cours !

Y a-t-il des valeurs communes que vous retrouvez dans vos études et dans le sport ?

Dejan Ottou : Il y a beaucoup de similitudes. Par exemple, l'organisation et la rigueur. En athlétisme, chaque détail compte, que ce soit la technique ou la préparation mentale. C'est pareil dans les études, surtout en Science et génie des matériaux où chaque petite erreur peut tout changer. Aussi, la capacité à analyser ses performances et à s'améliorer constamment est cruciale dans les deux domaines. La persévérance et la résilience sont également des qualités indispensables, que ce soit pour surmonter une blessure ou pour réussir un projet difficile. Le respect des autres et de leur travail aussi !

Vous avez mentionné vouloir devenir ingénieur, comment envisagez-vous de combiner cette carrière avec votre engagement sportif ?

Dejan Ottou : À long terme, je voudrais devenir ingénieur. Je ne suis pas encore sûr de la spécialité, mais j'ai encore du temps pour y réfléchir. Je pense que c'est possible de combiner cette carrière avec ma vie de sportif de haut niveau, avec de la détermination et une bonne organisation. L'un des aspects positifs de l'ingénierie, c'est que beaucoup de projets peuvent être réalisés de manière flexible, parfois même à distance. En plus, les compétences en gestion du temps et en organisation que j'ai développées grâce à l'athlétisme me seront très utiles dans ma carrière professionnelle.

Je suis conscient que le sport de haut niveau a une durée limitée, donc avoir un solide parcours académique est important pour préparer l'après-carrière sportive.

C’est bientôt les Jeux Olympiques, y a-t-il un.e athlète que vous allez suivre tout particulièrement ? Avez-vous des idoles ?

Dejan Ottou : Pour moi je ne peux pas avoir d’idole dans ma propre discipline parce que sinon je n’aurai pas assez de hargne pour le surpasser. Mais tous ceux qui font du Decathlon comme Kévin Mayer, m’impressionnent ! C’est un sport où il faut savoir switcher de discipline et avoir cette mentalité qui permet à chaque fois d’être focus rapidement sur une nouvelle étape, je trouve ça super incroyable !

En ce moment, dans le sprint international, il y a Noah Lyles, il y en a beaucoup qui disent qu’il va battre le record du monde sur 200m aux Jeux Olympiques, moi je ne sais pas si ce sera pour ce coup-ci mais c’est clair qu’il est en phase de devenir le meilleur sprinteur de la décennie ! C’est quelqu’un qui ramène beaucoup de show, de spectacle dans la compétition, c’est quelque chose qu’on n’avait pas vu depuis Usain Bolt, il ramène beaucoup d’engouement autour de l’athlétisme ça fait du bien. C’est vraiment un athlète à suivre Noah Lyles !

Qu’est-ce qui différencie un.e champion.ne des autres ?

Dejan Ottou : Si une personne se repose sur son talent elle ne va pas être régulière. Un.e champion.ne c’est quelqu’un qui performe à haut niveau qui se repose sur son travail et pas sur son talent ou ses capacités. C’est aussi quelqu’un qui ne se pose pas de question, moi j’ai encore du mal avec ça ! Pour être un champion, il faut vouloir beaucoup travailler et aimer l’effort et si on commence avec cette mentalité on peut aller loin. Pour moi ce sont clairement les points communs de tous.tes les champion.ne.s !

Que pouvons-nous vous souhaiter pour la suite ?

Dejan Ottou : L’un de mes rêves serait de participer aux Jeux Olympiques de Los Angeles en 2028. Mais avant ça, je me concentre sur les championnats du monde à Lima au Pérou, en août de cette année. J'aimerais également continuer à progresser et à battre mes records personnels.

Je souhaite aussi rester humble. Les gens qui se la pètent de façon excessive ce n’est pas possible, on peut être un champion et se la pèter un peu, parce qu'on aime ça, c’est le spectacle un peu qui veut ça mais il faut toujours se souvenir d’où l’on vient, où on a commencé, ne pas oublier les gens qui nous ont aidé. Un champion ne peut pas être ingrat, il doit rester humble. Et puis vous pouvez aussi me souhaiter d’aller vite bien sûr !

Pour finir quel(s) conseil(s) donneriez-vous aux jeunes qui veulent réussir à la fois dans leurs études et dans un sport à haut niveau ?

Dejan Ottou : Je leur dirais de ne jamais sous-estimer l'importance de l'organisation et de la rigueur, il faut le vouloir et savoir se dédier pleinement à son projet. Bien planifier son emploi du temps, rester concentré sur ses objectifs et surtout, ne pas oublier de prendre du recul et d'apprécier ses progrès. Il faut aussi trouver du plaisir dans ce qu'on fait, que ce soit dans les études ou le sport. La passion, c'est ce qui vous fait avancer. Et surtout, il faut savoir s’entourer. Je ne connais personne qui peut faire ça tout seul dans son coin.

Un grand merci Dejan Ottou pour cet échange très enrichissant. Nous vous souhaitons plein de succès dans vos études et vos prochaines compétitions !

Les podiums de Dejan

  • 2023 : Champion d’Europe U18 sur 200m
  • 2023 : Champion de france 60/200m indoor U18
  • 2023 : Champion de France 100m outdoor U18
  • 2024 : Champion de France 200m indoor U20
Dejan dans les médias :

Zoom sur les JO de Paris


LES ATHLÈTES FRANÇAISES SÉLECTIONNÉES EN ATHLÉTISME POUR LES JEUX OLYMPIQUES 2024 :
  • Mélody JULIEN Marathon (F)
  • Méline ROLLIN Marathon (F)
  • Mekdes WOLDU Marathon (F)
  • Manon TRAPP Marathon (F) - Remplaçante

Devenir étudiant.e sportif de haut niveau

Mis à jour le 12 juillet 2024.